J’avais à peine deux ans. Notre maison, c’était Papa, Maman, mon frère et moi.
Et il y a eu le cataclysme. D’une violence extrême, il a tout dévasté. La maison a volé en éclat, les murs se sont écroulés, mon cœur s’est brisé en mille morceaux … et puis, le silence.
Personne n’en a reparlé. Ils ont pensé que j’étais trop petite pour comprendre, alors ils ne m’ont pas expliqué. Et j’ai grandi au milieu de décombres, entre les murs en ruine, sous un épais nuage de poussière.
J’ai vu ma mère s’épuiser à la tâche pour alléger le poids de sa culpabilité. J’ai vu mon père se consacrer aux plus démunis, comme si apaiser la douleur des autres pouvait soulager la sienne.
Ils m’ont parlé de la grâce de Dieu, mais leurs gestes disaient le contraire.
J’ai lu tant de fois ces paroles de la Bible : « C’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi … Ce n’est point par les œuvres … « (Ephésiens 2:8-9) Mais j’étais incapable de les comprendre, incapable de les vivre. Comme enfermée sous la poussière épaisse du cataclysme, je ne pouvais pas saisir le sens du mot : grâce.
Pour moi, regarder la réalité en face signifiait mourir … seule, abandonnée. Alors, par instinct de survie, j’ai pris sur moi. J’ai pris sur moi la culpabilité ; j’ai pris sur moi de réparer ce qui était brisé ; j’ai pris sur moi de tout faire pour empêcher que ne se produise un nouveau désastre. De toutes mes forces, j’ai essayé de tenir la maison debout, de maintenir ensemble ce qui pouvait encore l’être, de construire un avenir meilleur.
Il existe un mot pour cela en allemand : « Haushalt » Littéralement : tenir la maison.
Je suis donc devenue tout naturellement une mère au foyer et une maîtresse de maison dévouée. J’ai travaillé sans relâche pour garder ma maison propre et bien rangée. Je me suis donnée corps et âme pour protéger mes enfants de la peur et de la douleur que j’avais moi-même connues. J’ai porté ma maison à bout de bras, jusqu’à l’épuisement.
Alors Dieu m’a dit : « J’ai vu ce que tu as fait. Tu as été une bonne mère. Mais ce n’est pas à toi de porter le fardeau de tes parents. Tu peux le déposer. J’ai porté vos souffrances, je me suis chargé de vos douleurs, j’ai été blessé pour vos péchés, brisé pour vos iniquités. Maintenant, par mes meurtrissures, tu peux être guérie. » (Cf. Esaïe 53:4-5)
Après 7 années à marcher avec lui sur ce chemin de guérison éprouvant, je me suis assise sur le petit muret de mon jardin et j’ai regardé mon potager en broussaille.
Ce n’est pas que j’ai négligé mon travail. Ce n’est pas que j’ai laissé tomber ou que j’ai abandonné. J’ai juste arrêté de porter. Et maintenant, je laisse pousser tout ce que la terre a gardé en elle. Les mauvaises herbes, je les laisse pousser … je les regarde grandir … et je les arracherai quand elles auront séché.
On les appelle mauvaises herbes, mais en réalité, elles ne sont pas si mauvaises que cela. Le pissenlit, par exemple, est un révélateur des excédents de nitrate dans la terre. Et ses racines pivotantes profondes aident à améliorer la structure et la fertilité du sol. Laisser pousser les pissenlits, c’est reconnaître le véritable état de son cœur pour laisser Dieu y travailler.
Et quand on laisse pousser, on peut aussi avoir des belles surprises. Dans mon potager, en broussaille, j’ai vu croître des jolies fleurs que je n’avais pas plantées. Une consolation pour les choses passées et un encouragement pour les temps à venir.
« Dieu fait toute chose belle en son temps... » Ecclésiaste 3:11
Présentation:
Sylvie aime s'imaginer dans sa maison, assise au coin du feu, des petits enfants agglutinés autour d'elle. Les siens, les petits voisins, tous ceux qu'elle a accueillis. Et elle lit des histoires, parce qu'elle aime les mots. Elle aime les dire, les chanter, les scander pour rythmer les récits. D'une voix forte ou dans un murmure, elle les fait courir, danser, sauter ... pour ensuite les suspendre dans un silence mystérieux qui éveille les émotions, l'imagination et les rêves.
Elle aime aussi écrire les mots. Le son de la plume qui gratte le papier, le mouvement de l'encre bleue qui laisse ses traces sur les pages banches, les messages d'encouragement imprimés dans le coeur de ceux à qui ils sont destinés.
Et elle prie pour que les mots qu'elle choisi soient comme une douce caresse pour l'âme de celles et ceux qui les lisent.
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